« Accompagner, quand le désir vient à manquer... »
Telle était la thématique du week-end national annuel de Travail Social et Engagement Chrétien (TSEC). Il s'est déroule les 24 et 25 mars derniers, au lycée horticole de Pressin, et a rassemblé une trentaine de travailleurs sociaux du réseau salésien, et d'autres lieux professionnels et ecclésiaux. Le soleil s'étant largement invité, chacun a pu apprécier sa chaleur et sa lumière durant l'ensemble des échanges.
Dès les commencements, la notion de désir a été située non pas avant tout du coté de la pulsion ou encore du manque qu'il faudrait combler, mais plutôt du coté du don et de l'élan, comme dynamisme vital, comme fruit de la participation aux échanges vivants. Voilà pourquoi les participants ont débuté le week-end par la méditation sur la Création que propose François de Sales dans son Introduction à la Vie Dévote. Cela fut l'occasion de recevoir la Création comme révélation du désir de Dieu pour ses créatures. Désir immense, gracieux, et gratuit.
Ensuite, le groupe s'est mis à l'écoute de paroles de jeunes par la médiation du film-documentaire « Je veux être », de Brice Le Saunier. Ce dernier a en effet recueilli des paroles d'adolescents et de jeunes adultes de quartiers en difficulté sur leur trajectoire de vie : ce qui les a freiné, encouragé, ce qui leur a permis de se construire. Dans ce beau documentaire, parole est également donnée à différents adultes les accompagnant. On y lit toute l'importance du désir de ces adultes, chacun à leur place, pour faire naître le désir de vie.
C'est sur cet arrière-fond qu'est intervenu Yan Plantier, philosophe de l'Université Catholique de Lyon. Il a proposé une intervention structurante, tant sur la notion de désir que sur l'éducation du (et au) désir. Il a opéré quelques distinctions telles celles entre les notions de désir, de besoin et d'instinct. Il nous a ensuite montré comment sortir d'une approche nostalgique du désir (entendue comme recherche d'une terre perdue) pour entrer dans une approche appelante du désir : la recherche de la Terre Promise. Cela lui a donné l'occasion d'interpeler chacun sur ses manières d'interpréter le désir de reconnaissance, d'appeler le désir des personnes accompagnées, de satisfaire leur désir en le creusant, ou encore sur la manière de déployer le désir par un rapport ajusté à la Loi. Autant de thématiques suggestives et passionnantes recueillies sur le chemin de pensée ouvert.
La soirée a permis de se ré-enraciner sur la Source, grâce à une célébration eucharistique joyeuse et priante !
Le lendemain matin était consacré à des ateliers réflexifs sur la pratique d'accompagnement éducatif et/ou social : atelier jardinage autour de la métaphore de la semence, atelier de réflexion sur l'articulation entre désir d'équipe et désir d'éthique, et un dernier atelier de partage sur la thématique du désir et du don.
Après un dernier repas convivial, nous nous sommes retrouvés dehors pour construire ensemble un bouquet spirituel. A partir de ce que chacun avait collecté dans sa relecture personnelle, chacun est venu déposer un brin de fleurs dans le vase « à dévotions » ! Nul doute que ce week-end a « laissé à désirer », mais tous en convenait, ce n'est que pour mieux gouter la joie de nous retrouver bientôt et de continuer à chercher comment articuler éducation et spiritualité...
Emmanuel Besnard